Ulrika BYTTNER

Artiste accueillie en résidence de mars à juin 2001.
Vit et travaille à Paris.

 

Il est impossible, bien entendu, de déterminer avec précision les causes et les conséquences de cette curieuse alliance de profondeur et de légèreté. Mais il n’est pas inutile de rappeler l’importance accordée à cette générosité qui consiste à lâcher la bride des idées et des images pour les laisser bondir sans la moindre entrave.

Le drapeau a l’obligation d’avoir des couleurs et d’occasionner des envolées rebondissantes.

Peut-on dire que l’obsession de combler les manques, s’estompe, à mesure que la proposition se déplie, diminue ?

La grenouille parle, multiplie les voix et leurs différentes combustions. Il se passe sans cesse quelque chose dans ce monde – désir de métissage, prolifération surprenante, occupation de terrain, intersection de proie et de prédateur – et ce quelque chose se présente comme une somme de petites histoires qui accumule les preuves d’un bavardage, c’est-à-dire d’une parole qui encercle par bifurcations et excroissances successives.

C’est quelque qui a la force de l’imaginaire, quelque chose d’organique aussi. Ce n’est pas un lieu de représentation en plus mais un outil de conversation paradoxale, drôle qui prend un malin plaisir à se proposer là où on ne l’attend pas. C’est de l’espace qui donne à voir avec ses attractions et ses gravitations. Insister sur sa capacité de se répandre, s’étendre, c’est bien souligner son pouvoir de résistance à toute tentative d’appropriation.

Mais l’enquête sur les nénuphars piétine. Pas facile de démêler les connexions et les accointances d’une existence si singulière à la surface des eaux calmes. La page 718 du Larousse Gastronomique (1938), entre « Nemours » (sorte de petite tartelette) et « Néphrite » (inflammation du rein), nous apprend que la racine féculente de cette plante aquatique est consommée dans certaines régions. On accommode aussi ses graines dans la cuisine chinoise. L’affaire se perd dans des méandres de plus en plus fantasques.

Notre impulsion première consiste à s’avancer un peu trop, à chercher à savoir. Nous sommes ainsi amenés à lancer notre caillou dans ce miroir, dans cette énigme mais pouvons-nous espérer qu’il nous renverra autre chose que l’image de notre ignorance ?

Autres pièces à verser au dossier. La question : qu’est-ce qui pousse à vouloir voir ?
La réponse : le regard qui imagine ce qui le regarde.

Elle décide enfin de s’asseoir dans la tribune mais prend la place la plus proche de la sortie. Est-elle troublée par la couleur verte des bancs ? « je pourrais m’enfuir en cas de danger » se dit-elle. L’incongru a bien des tours dans son sac.

Denis DRIFFORT

Ulrika BYTTNER
Catalogue 16 pages couleurs – 16 x 21 cm
35 photographies – Epuisé
Texte : Didier ARNAUDET