NICOLAS DAUBANES

Artiste accueilli en résidence de mi-septembre à mi-décembre 2020. Exposition présentée à Pollen du 18 décembre au 19 février 2021.

Suite à sa résidence à Pollen de mi-septembre à mi-décembre 2020, Nicolas Daubanes présente
une exposition constituée d’un geste…
« Mon atelier s’installe dans la salle d’exposition. Millimètres par millimètres, je déplace le rail de
guidage de ma scie circulaire. Je transforme donc le bois de cette authentique porte de prison
en une poussière légère et volatile. La sciure est expulsée de la machine au gré du passage de
cette dernière, elle se dépose en prolongement des gestes de destruction. Au préalable de cette
action longue et protocolaire, j’étudie le système de fabrication de la porte et en dégage les pièces
d’assemblage métalliques, tout ceci permettant de ne laisser qu’un tas de poussière de bois informe
et distendu, ainsi que quelques morceaux d’acier, le tout singeant un corps en parfait état de
décomposition. De la chair en poussière et des os en acier. »
Nicolas Daubanes réalise un travail autour du monde carcéral (dessins, installations, vidéos) issu
de résidences immersives dans les maisons d’arrêt, depuis près de 10 ans. Depuis ses dessins
à la limaille de fer aux monumentales installations de béton saboté au sucre, Nicolas Daubanes
s’intéresse au moment combiné de la suspension et de la chute : il s’agit de voir avant la chute,
avant la ruine, l’élan vital. La limaille de fer, matière fine et dangereuse, volatile, utilisée dans les
dessins et walldrawings, renvoie aux barreaux des prisons, et par extension à l’évasion. Le béton
chargé de sucre est inspiré du geste vain des résistants pendant la seconde guerre mondiale pour
saboter les constructions du Mur de l’Atlantique. Temporaire et fugitif.
«J’investis des questions essentielles : la vie, la mort, la condition humaine et les formes sociales
qui les façonnent. Dans mes derniers travaux, la vitesse, la fragilité, la porosité, l’aspect fantomal
des images et des matières, transmettent la pression du passé au croisement de ce qui va advenir.
Mon travail s’inscrit dans la durée, il dessine un chemin, une trajectoire qui tend vers la recherche
de la liberté, du dégagement de la contrainte. Je tache d’expérimenter l’intensité et la rigueur, je joue avec le danger, mental, visuel, physique. »
Nicolas Daubanes