« Le futur n’a pas d’issue de secours » de MOOLINEX

Exposition du 06 juillet au 14 septembre 2018

« LE FUTUR N’A PAS D’ISSUE DE SECOURS » a présenté une sélection d’œuvres de MOOLINEX  rassemblées par Camille de Singly, commissaire de l’exposition, avec la complicité des REQUINS MARTEAUX, coproducteurs de l’exposition. Elle a été réalisée en partenariat avec l’AGENCE CULTURELLE DEPARTEMENTALE DORDOGNE-PERIGORD et le collectif des REQUINS MARTEAUX dans le prolongement de l’exposition «INCULTE FUTUR » présentée à l’Espace culturel F. Mitterrand de Périgueux (Dordogne) d’octobre 2017 à janvier 2018 et de l’édition monographique consacrée à l’artiste, publiée chez les Requins Marteaux en mai 2018. 

 

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Moolinex aime bien les vieilles publicités, celles qui proclament de fausses vérités absolues, intemporelles, des choses qu’on aimerait croire, qui rendent le monde tellement plus simple, tellement plus facile. Des phrases-socles sur lesquelles on se repose tranquillement, le monde peut bien bouger un peu autour, nous, on se raccroche à elles, et on est serein. On boit ces phrases magiques, « Une vraie Rustines (sic) ne se décolle jamais » ou « Moulinex libère la femme ».

Mais voilà, ce n’est pas si simple. Et à vrai dire, l’avenir est plutôt sombre pour Moolinex (et pour nous), lui qui déclarait le futur inculte il y a peu, dans son exposition à Périgueux et sa monographie publiée par les Requins Marteaux. Il revient dessus en proclamant tout bonnement que le futur n’a même pas d’issue de secours, contrairement à nos bonnes vieilles voitures qui ont leur roue. D’ailleurs, il n’a tellement pas d’issue de secours qu’on est des vivants en sursis – on est en train de « vivre mort », pour reprendre le titre d’une chanson enregistrée par Moolinex avec Julien LePreux en 2012 (Le Danger, Elegance Records). On vit dans la mort.

Tout pourrait être dit. Mais rien ne l’est, car il est d’abord question ici de savoir comment le dire. S’attaquant à du lourd, Moolinex est à la fois frontal et « flou », pour « pour que les gens ne se prennent pas tout en pleine gueule ». « Je mets toujours quelque chose de léger pour le rendre comestible,

accessible, acceptable. » C’est là toute sa délicatesse, tant humaine qu’artistique. Il nous ménage, nous séduit et nous retourne, nous attaque et nous reprend. « C’est pour équilibrer. » Prenons l’exemple des dernières peintures, magnifiques, L’accident bête et Spermodrome. Moolinex y déploie une palette nouvelle pour ses peintures, des fluos, qui nous renvoient à une tendre enfance où ces couleurs avaient le mérite de rendre jolies des lignes de texte insipides, et clarifier tout ce qui ne l’était pas. Et en même temps, ces couleurs explosent et emportent tout, à des années lumière des couleurs « bâtardisées » (terminologie de Moolinex) des Tintin et cie.

Moolinex cisèle aussi les mots comme un poète, travaillant les phrases qui claquent et les mots qui se répètent, les typographies neutres et celles qui viennent « appuyer ou casser » les mots qu’elles incarnent. Parlant de son travail pour Flip et Flopi, la bande dessinée qu’il créa pour la revue au début des années 1990, Moolinex expliquait qu’il n’avait écrit aucun scénario, jouant sur la tension d’une improvisation encadrée (des personnages avec des caractères définis, des situations, et 5-6 pages à remplir) pour n’être que dans le rebond. « C’est comme un accident, comme si on tombait et qu’on devait se rattraper tout le temps. » Et « à la fin on règle tout ». Ou presque.

Camille de Singly, commissaire de l’exposition.