Marie MOREL

Artiste en résidence de septembre à décembre 2008.
Vit et travaille à Toulouse.

Comment l’espace nous apparaît-il ? Comment se développe-t-il sous notre regard sans jamais se laisser capter ou épuiser par lui, avec l’ensemble de ses caractéristiques propres, cette pression enveloppante, insaisissable à force d’évidence, énigmatique à force de proximité, cette possibilité d’expériences de limites et d’ouvertures, de circulations et d’occupations ? Comment pouvons-nous l’interroger, coexister avec lui ? Selon quelles modalités pratiques ou fictionnelles ? Comment peut-il nous rencontrer et pourquoi cette rencontre est-elle nécessaire à notre existence ? A ces questions, Marie MOREL répond par un effet de dépaysement. Il ne s’agit ni de nous émerveiller, ni de nous attirer dans un piège où, une fois tombés, nous nous apercevrions que nous devons changer de repères pour mettre la main sur la clé de cette étrangeté. En fait, s’il y a dépaysement, c’est tout simplement parce ce que nous regardons nous entraîne dans des instants de vacillement où le familier nous livre des ressources inconnues. Ce phénomène dépend d’écarts, de distances et de déboîtements qui s’imposent là où on ne les attendaient pas, de lignes, de plans et de volumes qui définissent de nouvelles intentions de défi et d’enseignement, et donc de points de vue qui convergent vers un autre degré de visibilité. Pas de meilleur excitant de l’imaginaire que cette confrontation du réel à l’image déconcertante de son dérangement.
Ce qui intéresse Marie MOREL, dans cette exploration sensible, ludique de l’espace soudain hanté par des résonances fantomatiques, ce sont les décalages qui apparaissent entre le poids d’une réalité architecturale qui perd sa force agissante et ce concentré poétique issu des éléments incisifs d’une étrange réminiscence et d’un morcellement des regards et des récits. L’espace devient ainsi le temps d’une expérience où, face à la stratification des situations, ne pouvant les saisir en entier, nous sommes débordés par elles. Nous sommes alors appelés à déambuler dans cette promesse d’événements d’un espace à la fois en suspens et en gestation. Marie MOREL entrelace les deux motifs de la découpe et la juxtaposition, pour penser l’espace comme forme retournée, découpée, prolongée, dotée d’une signification ouverte, comme une image vivifiée constamment, en mettant à nu ses leurres et ses mirages, en augmentant ses propositions d’une manière inattendue.

Didier ARNAUDET

C’est par le tracé, la ligne et le dessin que Marie Morel aborde l’espace.
Elle en observe les contours, les fuites, les pièges, les leurres. Elle le questionne par des procédés qui tentent d’en saisir l’insaisissable, d’en montrer l’envers et l’endroit, d’en découvrir la part muette.
Qu’elle s’emploie à fixer les contours de personnages en mouvement, à révéler ou tracer d’improbables limites, sa géométrie dans l’espace poursuit une seule et même ligne, d’une intervention « in situ » à un travail vidéo, d’un travail photo à une installation…
Durant son séjour à Monflanquin, Marie MOREL a tenu un blog. Il rend compte et témoigne du quotidient vécu par l’artiste en résidence.

Pollen

Marie Morel
Artiste en résidence à Monflanquin
de mars à mai 2008
Catalogue 23 pages – 15 x 15 cm
Epuisé
Texte Didier ARNAUDET