Takanobu KOBAYASHI

Artiste accueilli en résidence en été 1998, Takanobu Kobayashi est né en 1960 à Tokyo.

Takanobu Kobayashi réalise des tableaux de petits formats dont les thèmes sont des objets ou des êtres, (gold fish), issus de l’environnement quotidien qu’il peint en des tons pastels, à la manière d’une nature morte. Chaque sujet choisi, couvert, poisson, nuage, ciel, casserole etc… est un détail qu’il extrait de la réalité et place et isole au centre de la toile sur un plan coloré. L’objet ainsi déréalisé devient une pure image qui diffuse sa propre lumière, un peu à la manière d’une icône. “Gas range”, le brûleur,  éclaire littéralement la toile de sa corolle lumineuse. Chaque objet flotte dans la couleur, au point central de la toile où les forces contraires s’annulent et où toute pesanteur est suspendue. Une assiette devient aussi légère que l’air ou le poisson et l’oreiller, gonflé de clarté, est plus proche de son voisin le nuage ou du rêve qu’il inaugure.

Les peintures intimistes de Takanobu Kobayashi sont baignées d’une lumière ineffable un peu à la manière de cette eau, fine, imperceptible dans laquelle sont plongés les poissons et qui les traverse.

Le travail de Takanobu Kobayashi est d’abord une oeuvre rassurante au regard de toute personne qui veut s’intéresser à l’art de son temps. C’est une oeuvre composée de dessins et de peintures résolument figuratifs. Les sujets représentés sont a priori anodins. Ce sont principalement des objets ou des images qui font partie de la vie quotidienne de l’artiste : la casserole qu’il utilise pour sa cuisine, une assiette avec les couverts, un oreiller sur un lit, le fond de la baignoire…

En plus ces images ne dégagent aucun sentiment de violence ou d’exubérance. Les couleurs sont en général des tons plutôt froids et traités en faibles contrastes. Il n’y a jamais une opposition forte de couleurs. Parfois, certaines oeuvres sont proches de la monochromie. Tout concorde donc à la simplicité et à l’apaisement dans l’image représentée.

Pourtant, le travail de Takanobu Kobayashi est plus complexe qu’il ne le laisse percevoir. Ces images “déshumanisées” sont sans doute l’expression de ses sentiments profonds et de son rapport au monde et à la vie. Les deux tableaux représentant le poisson rouge vu de face dans son aquarium, la bouche ouverte sur un néant évoque dans la pudeur qui semble caractériser l’artiste, son propre rapport aux autres et sa situation d’artiste”contemplé” dans son atelier ou à travers ses oeuvres. C’est pourquoi dans ses peintures il exprime d’abord l’émotion ou l’interrogation qu’il a face à une vision du quotidien qui le renvoie à des questions plus profondes sur la vie, la mort, son rapport au monde.

Sa peinture n’est pas action, mais contemplation philosophique. Les éléments fondamentaux y sont toujours présents : le jeu, le vide, le trou, la lumière, le cosmos…

Ainsi ses visions oniriques évoquent tantôt des sentiments de plénitude comme cette image captée à Monflanquin de la lumière dans le feuillage d’un arbre ou d’angoisse comme cet oreiller vide sur un lit évoquant une couche funéraire.

C’est avec beaucoup de modestie et de pudeur que Takanobu Kobayashi nous livre ses sentiments.

C’est avec beaucoup de modestie et de pudeur que Takanobu Kobayashi nous livre ses sentiments.

Yannick LINTZ
Conservateur du musée des Beaux-Arts d’Agen