Suzanne HUSKY

Artiste en résidence de mars à mai 2009. Suzanne Husky est franco-américaine.
Née en 1975, vit et travaille dans le Sud-Ouest de la France et à San Francisco.

Marquée par sa double culture, son travail s’apparente à une forme d’anthropologie qui interroge avec ironie et perplexité nos pratiques, nos moeurs, notre habitat, notre environnement…

En résidence à Monflanquin, Suzanne Husky s’est intéressée en plasticienne aux cabanes rudimentaires élaborées par une population marginale et réfractaire aux modes de vies contemporains.

Artisanales, produites à partir de matériaux de récupération, elles font écho à des productions plastiques et des engagemets sociaux et politiques que l’on retrouve dans le champ artistique.

Expérimentées et vécues comme le moyen d’un retour à une vie naturelle, ces constructions traduisent par leur simplicité volontaire, une philosophie de « l’effacement » qui s’attache à minimiser l’empreinte humaine sur l’environnement.

Très ingénieux, ces « Henry Thoreau » et « Robinson Crusoé » remplacent le confort ménager standardisé par des inventions surprenantes, modestes et efficaces : comme le frigo souterrain, la cuisine serre, le fauteuil à roulettes et bien sûr les toilettes sèches.

Pollen

« Quand j’écrivis les pages suivantes, je vivais seul, dans les bois, à un mille de tout voisinage, en une maison que j’avais bâtie moi-même, au bord de l’étang de Walden, à Concord massachusetts, et ne devais ma vie qu’au travail de mes mains.(…) Les nécessités de la vie pour l’homme en ce climat peuvent, se repartir sous les différentes rubriques de Vivre, Couvert, Vêtement et Combustible ; car il faut attendre que nous nous les soyons assurés pour aborder les vrais problèmes de la vie avec liberté et espoir de succès.(…) Réfléchissez d’abord à la légèreté que peut avoir l’abri absolument nécessaire. J’ai vu des indiens Penobscot, en cette ville, habiter des tentes de mince cotonnade, alors que la neige était épaisse de près d’un pied autour d’eux(…) Le luxe, en général, et beaucoup de soi-disant bien-être, non seulement ne sont pas indispensables, mais sont un obstacle positif à l’ascension de l’espèce humaine. Au regard du luxe et du bien-être, les sages ont de tout temps mené une vie plus simple et plus frugale que les pauvres. Les anciens philosophes, chinois, hindous, persans et grecs, représentent une classe que pas une n’égala en pauvreté pour ce qui est de richesses extérieures, ni en richesse pour ce qui est de richesse intérieure. La même remarque peut s’appliquer aux réformateurs et bienfaiteurs plus modernes de leur race. Nul ne peut se dire impartial ou prudent observateur de la vie humaine, qui ne se place sur le terrain avantageux de ce que nous appellerons la pauvreté volontaire (…). Il y a de nos jours des professeurs de philosophie, mais pas de philosophes. Encore est-il admirable de professer pour quoi il fut jadis admirable de vivre. Etre philosophe ne consiste pas simplement à avoir de subtiles pensée, ni même à fonder une école, mis à chérir assez la sagesse pour mener une vie conforme à ses préceptes, une vie de simplicité, d’indépendance, de magnanimité, et de confiance. Cela consiste à résoudre quelques uns des problèmes de la vie, non pas en théorie seulement, mais en pratique. (…)Le philosophe est en avance sur son siècle jusque dans la forme extérieure de sa vie. Il ne se nourrit, ne s’abrite, ne se vêt ni ne se chauffe comme ses contemporains. Comment pourrait-on se dire philosophe à moins de maintenir sa chaleur vitale suivant de meilleurs procédés que les autres hommes. »
Henry David THOREAU, extraits de Walden.

« When I wrote the following pages, I lived alone, in the woods, a mile from any neigbor, in a house which I had built myself, on the shore of Walden Pond, In concord, Massachusetts, and earned my living by the labor of my hands only(…) The necessaries of life for man in this climate may, accurately enough, be distributed under the several heads of Food, Shelter, Clothing and Fuel ; for not till we have secured these are we prepared to entertain the true problems of life with freedom and a prospect of success. (…) Consider first how slight a shelter is absolutely necessary. I have seen the Penobscot Indians, in this tow, living in tents of thin cotton cloth, while the snow was nearly a foot deeep around them (…) Most of the luxuries and many of the so-called comforts of life are not only not indispensable, but positive hindrances to the elevation of mankind. With respect to luxuries and comforts, the wisest have ever lived a more simple and meagre livre than the poor. The ancien philosophers, Chinese, Hindoo, Persian, and Greec, were a class than which none has been poorer in outward riches, none so rich in inward. We know not much about them. The same is true of the more modern reformers and benefactors of their race. None can be an impartial or wise observer of human life but from the vantage ground of what we should call voluntary poverty. (…). There are nowadays professors of philosophy, but not philosophers. Yet it is admirable to profess because it was once admirable to live. To be a philosopher is not merely to have subtle thoughts, nor even to found a school, but so to love wisdom as to live according to its dictates, a life of simplicity, independence, magnanimity, and trust. It is to solve some of the problems of life, not only theoretically, but practically. (…) The philosopher is in advance of his age even in the outward form of his life. He is not fed, sheltered, clothed, warmed, libe his contemporaries. How can a man be a philosopher and not maintain his vital heat by better methods than other men. »
Henry David THOREAU, extraits from Walden.

Suzanne HUSKY
Artiste en résidence à Monflanquin de mars à mai 2009
Catalogue 24 pages 16cm x 21 cm
Epuisé