REGIS BAUDY

Artiste en résidence à Monflanquin de septembre à décembre 2006.

Né en 1977, vit et travaille à Paris.

 

Régis BAUDY pratique la vidéo pour saisir la force qui sans cesse reprend de l’élan pour ne pas s’immobiliser et s’enfonce plus loin dans la direction qu’elle emprunte. Ce qui frappe dans cette force, c’est son insistance mouvante, vivante. Cette insistance se propose sous plusieurs formes : la répétition (Jens), la résistance (Rope), la résolution (Dan), l’énumération (Docteur Mogens), l’exagération (Le Terrain), la confrontation (Team). Elle ouvre un espace qui a des qualités d’enveloppement et de dépassement. Mais cet espace, il faut l’occuper et l’emplir. Donc, des personnages s’y inscrivent comme des cercles qui s’élargissent et s’entrecoupent. Des gestes, des actions, comme les pièces d’un puzzle dispersées, s’assemblent, se correspondent, sans rien éclairer tout à fait. Des mouvements mettent activement en relief l’enchevêtrement des différents éléments documentaires et fictionnels qu’une image de la réalité peut produire et prolonger. Cet espace a le mérite d’être transparent. On peut en apercevoir tous les rouages. Le regard le pénètre sans résistance. Tout y tient ensemble et pourtant tout s’y complexifie. Se retrouver à l’intérieur de cet espace ne suffit pas. Il faut aller au-delà des évidences. On l’imagine fluide et on le découvre rigoureusement structuré. Du clos et du connu, on bascule dans la surprise, l’incertitude. Les improvisations de l’enfance, les seuils de l’adolescence, les contours du masculin, les ancrages de la performance sportive ne sont plus soumis à des signes repérables de ralliement et deviennent des mécanismes de déclenchement d’intrigues et d’aiguisement des sens. Tout apparaît finalement comme imprévisible. Tout appartient à un moment rendu sensible par les événements qui s’y succèdent. Ce moment veille à ce que condensation et expansion se renforcent et s’associent. Entre le noyau et la bulle, il n’y a qu’une solution possible : celle qui consiste à mobiliser les nuances de la fragilité, de la légèreté et à accentuer la solidité du point à partir duquel tout va se propager. Un juste équilibre s’établit dans la singularité de cette alliance. Ce moment est aussi traversé par le frémissement d’une entente généreuse, sans calcul. Pour Régis BAUDY, ce qui importe avant tout, c’est la qualité de connivence que ce moment doit convoquer et retenir. Ce qui se dégage de cette série de vidéos, c’est l’accord intense, spontané réunissant les « acteurs » et leur metteur en scène qui composent un tissu d’actions et, en le composant, lui confèrent collectivement ce qu’ils ne pourraient lui donner séparément. Les portraits de ceux qui sont à l’image ne se fixent pas, ne se déterminent pas dans le cadre de limites précises mais le débordent largement, convergent vers des zones flottantes, inclassables et incitent à imaginer le portrait de celui qui fait l’image.

Didier ARNAUDET

Régis BAUDY
Artiste en résidence à Monflanquin
de septembre à décembre 2006
DVD
Couverture 4 volets 16 x 21 cm
Epuisé
Texte : Didier ARNAUDET