Jean-Marc BERGUEL
Artiste accueilli en résidence de mars à mai 1999.
Né en 1971. Il vit et travaille à Limoges.
Jean-Marc BERGUEL se refuse à une certaine consistance. Il préfère s’en tenir à l’ossature, à la charpente ou au squelette. Mais ce refus ne débouche pas sur un manque, une restriction. Bien au contraire, ce qui se dégage, c’est une sorte de mécanisme par lequel l’oeuvre semble s’engendrer elle-même. Nul désir donc de s’embarquer dans une entreprise austère et dépouillée. Le propos a ici plus à voir avec des qualités d’insistance, d’inscription et de présence qu’avec des processus de réduction et de déperdition. L’oeuvre se présente ainsi comme un montage qui assemble, dans des configurations inédites, des principes de représentation de formes mobilières ou architecturales, dans une définition édictée par les normes Afnor. La pratique de cette contrainte ne donne lieu à aucune sécheresse mais multiplie les possibilités des formes associées. D’où l’usage particulier de la répétition qui fonctionne comme un élément de production mais aussi de structuration. L’oeuvre s’ouvre à la mobilité d’une écriture qui confère une signification nouvelle aux figures qu’elle mobilise mais tire aussi vers le lieu de l’origine de ces figures à l’identification approximative, incertaine ou même impossible.
Jean-Marc BERGUEL articule des oppositions : le contour et le volume, le vide et le plein, le fluide et le solide, le nécessaire et le superficiel, l’élémentaire et le compliqué. Ces oppositions n’auraient aucun sens à se solder par l’avantage de l’un des termes sur l’autre, car l’oeuvre existe d’abord dans leur alternance, dans leur confrontation. La technique ne se ramène pas à un exercice un peu vain qui consisterait à convoquer une ambiguïté radicale en autorisant les lectures et les interprétations les plus diverses. Bien sûr, l’oeuvre se caractérise par sa capacité infinie d’accueil. Mais le regard ne se perd pas dans la permanence de cette ouverture qui sans cesse le relance dans de nouvelles directions. Peut-être parce que cette oeuvre, qui aspire à se creuser de l’intérieur pour parvenir à se condenser à l’extrême, ne cède rien à un savoir-faire elliptique. Peut-être aussi parce qu’elle ne se contente pas de subir le choc des contraires mais qu’elle travaille le regard dans le souci de l’équilibre et de l’échange fécond.
Didier ARNAUDET
Jean-Marc BERGUEL
Catalogue 16 pages + couverture – 21 x 16,5 cm – Epuisé
5 photographies
Texte : Didier ARNAUDET