ALEXANE MORIN

Artiste accueillie en résidence du 15 septembre au 15 novembre 2022 – Exposition à Pollen du 16 décembre 2022 au 24 février 2023.

« Mon travail se déploie dans les champs de la sculpture, de l’installation et du dessin. La sculpture est envisagée comme un dessin, le passage d’un plan à un espace. Aux structures construites se mêlent des jeux et mises en tension de matériaux, des confrontations amenant des contradictions, des rapports de forces inverses entre les éléments.
Une autre forme de contradiction se joue dans la mise en situation de matériaux à l’aspect fragile (la cire, la faïence…) et de structures évoquant les notions et figures de construction, de stabilité que l’on attribue par exemple à l’architecture, registre formel dans lequel je puise.
Mon intérêt pour les notions de cadrage, de paysages construits et en même temps rompus par l’architecture, inscrit mon travail dans la lignée des artistes qui regardent la ville. Par le bais d’un processus de collecte, je sélectionne des informations, des données que je fais passer dans mon propre processus d’archivage. Celui-ci est aussi imprégné de clichés-fantasmes, d’éléments historiques auxquels je viens donner une position poétique. J’use du passage d’une chose à une autre, d’un décalage entre un état stable des éléments en présence et la possibilité d’une mise en place à venir. J’explore les lieux que je parcours. À travers eux, je déambule et tente de saisir leurs implantations, leurs mouvements et leurs topologies. Chaque série d’oeuvres m’amène à la suivante. Elles communiquent les unes avec les autres sur des systèmes d’empreintes, d’effacements. Il s’agit du résultat d’actions sur un lieu, qui nous plonge dans son intimité. Cela nous donne à voir les différentes couches dont il est composé entre archéologie et géologie. Au fil du temps, les formes bougent, se transforment, se déplacent, donnant lieu à de nouvelles constructions. Passé, présent, futur coexistent. C’est un va-et-vient permanent de mouvements que je cherche à faire tenir dans mon travail. Cet état de modulation des choses est possible par la métamorphose des formes, comme possibilité d’état, de mouvement, de changement. J’explore, le territoire pour comprendre l’histoire de son implantation à l’heure où se détruit et se construit à une vitesse démesurée le paysage.
(…)Je recherche l’état d’attente, de suspens, mais aussi d’ambivalence entre faire et défaire, construire et déconstruire. Cet entre-deux convoque l’idée d’une action qui va se faire ou qui a été faite. Cette position volontairement intermédiaire ouvre selon moi un espace des «possibles».  » 

 

Texte d’Alexane Morin