Mélanie BERGER

 

Artiste en résidence à Monflanquin de septembre à décembre 2007.

Je dessine afin d’avoir la possibilité d’effacer. Tracer, effacer, recommencer et recouvrir la marque fantôme des tentatives précédentes sont des gestes quotidiens : ils relèvent du questionnement, construisant peu à peu une forme mentale en constante évolution.

L’espace du doute m’offre le mouvement : c’est seulement dans un espace non défini qu’un objet peut se transformer et aborder son devenir. C’est précisément cet espace temporel entre ce qui a été et ce qui va advenir que je cherche à capter dans mes dessins.

Image après image, je construis et déconstruis une philosophie où le mouvement capté et inlassablement rejoué me permet de me mettre moi aussi en mouvement, et d’avancer.

Mélanie BERGER

 

Chez Mélanie BERGER, le dessin se constitue d’abord comme une ligne qui se mobilise en direction de sa propre présence. Elle se donne à voir en train de se faire, se défaire et se refaire. Elle s’avance, se développe, essaie d’occuper un espace qui lui résiste, celui de son inscription. Elle s’anime, se brise, noue d’étranges alliances entre le passage et la clôture, comme une frontière soumise à la pression des appels du dedans et du dehors. Elle se répand, se ramifie, se dissémine, comme d’insaisissables brindilles détachées d’un essaim sans cohérence particulière. Elle s’éclaire, s’intensifie, comme le signe d’une présence humaine engagée dans une lutte dirigée contre un adversaire invisible mais aussi contre elle-même.
Le dessin désigne ainsi une évidence ou une énigme, nomme un acte de création ou un temps de vie. Il n’est d’ailleurs jamais achevé, dans la mesure où il est sans cesse en mouvement, dans la répétition de plus en plus incisive, dans l’échange perpétuel entre apparition et disparition, convergence et divergence.
Mais c’est précisément cet inachèvement qui provoque sa singularité. Il n’est pas un élément clos, situable, auquel on pourrait s’attendre, mais il n’est pas non plus complètement dénué de tout repère, et donc répond malgré tout à la promesse d’un ancrage, d’une reconnaissance. Sans chercher à nous perdre dans une interrogation sans bornes, Mélanie BERGER nous livre quelques fils qu’il suffit de tirer pour pénétrer dans les méandres d’un tissu de visions aux diverses ressources. Car ces fils conducteurs donnent naissance à leur tour à un faisceau de propositions. Ils ne constituent pas, en ce sens, des impératifs pressants et rigides auxquels il est nécessaire de s’accrocher coûte que coûte, mais plutôt un principe de base à partir duquel s’élabore une véritable mise en action de notre imagination.
Le dessin convoque ici une capacité d’animation qui fait coïncider organisation et désorganisation, concentration et dispersions : les traits, les points, les glissements, les éclatements qui la rendent sensible apparaissent alors comme de multiples possibilités qui s’attirent, se repoussent, révèlent tantôt telle de leurs traces, tantôt telle autre, et produisent une énergie qui ne peut se définir car constamment renouvelée.

Didier ARNAUDET

 

Mélanie BERGER
Artiste en résidence à Monflanquin de septembre à décembre 2007
Dépliant 10 pages – 21 x 15 cm
Epuisé
Texte Didier ARNAUDET